Toutes les semaines, retrouvez la revue des marchés et le thème de la semaine par nos experts : Axel Botte, Aline Goupil-Raguénès et Zouhoure Bousbih dans MyStratWeekly et son podcast.
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Le podcast d’Aline Goupil-Raguénès :
- Revue de la semaine – Revue de marchés ;
- Thème – Les tarifs réciproques reviennent sur le devant de la scène.
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Télécharger les slides du podcastLe thème de la semaine : Les tarifs réciproques reviennent sur le devant de la scène
- 25 lettres ont été envoyées par l’administration Trump, à certains partenaires commerciaux, pour leur signifier les tarifs réciproques auxquels seront assujetties leurs exportations en l’absence d’accord commercial avec les Etats-Unis ;
- La date limite de leur instauration a une nouvelle fois été repoussée. Elle est fixée au 1er août, alors que les tarifs réciproques étaient initialement prévus être appliqués à partir du 9 avril puis reportés au 9 juillet ;
- Les nouveaux tarifs réciproques sont le plus souvent proches de ceux annoncés le 2 avril, à l’exception notable du Brésil (50 %, alors qu’il n’était pas initialement visé par ces tarifs) et l’Union Européenne (30 % contre 20 % annoncé le 2 avril) ;
- L’UE laisse la priorité aux négociations et se déclare prête à adopter des mesures de représailles si nécessaire. Elle renforce dans le même temps les accords commerciaux avec d’autres partenaires, comme l’Indonésie ce week-end ;
- Donald Trump brandit la menace de tarifs réciproques pour accroitre la pression sur les partenaires commerciaux en vue d’obtenir un accord en sa faveur d’ici le 1er août ;
- Si le plus probable semble être un accord commercial de principe entre l’UE et les Etats-Unis d’ici le 1er août, ou un nouveau report de la date fatidique pour le finaliser, on ne peut toutefois pas totalement exclure la mise en œuvre de tarifs plus élevés que les 10 % actuels. Cela serait de nature à accroitre l’incertitude, peser davantage sur les perspectives de croissance et générer une hausse de la volatilité sur les marchés financiers.
Nouvelle date limite des tarifs réciproques fixée au 1er août
Les tarifs réciproques annoncés le 2 avril par Donald Trump, et mis en place le 9 avril, ont été suspendus quelques heures après leur instauration compte tenu de la débacle sur les marchés financiers et en particulier sur le marché obligataire américain. Faute d’accord avec les partenaires commerciaux, la date butoir du 9 juillet, qui avait été fixée pour leur réinstauration, vient d’être une nouvelle fois décallée, cette fois-ci au 1er août.
L’administration Trump a envoyé 25 lettres aux pays concernés pour leur signifier les tarifs réciproques auxquels seront assujettis leurs exportations de biens vers les Etats Unis. Comme le montre le graphique suivant, ils s’échelonnent entre 17 % et 50 % et sont en général proches de ceux annoncés le 2 avril : 25 % pour le Japon et la Corée du sud notamment, sauf exception notable.
Ils sont un peu moins importants que les tarifs réciproques annoncés le 2 avril pour le Laos, le Cambodge, l’Irak et le Sri Lanka notamment. L’Union Européenne et le Brésil se démarquent avec des tarifs plus élevés. Pour l’UE, ils seraient de 30 % au 1er août, contre 20 % annoncés le 2 avril. Ils sont néanmoins inférieurs à la menace de tarifs de 50 % qui avait été évoquée par Donald Trump. Le Brésil ne faisaient pas parti des pays visés par les tarifs réciproques le 2 avril. Pour ce pays, les exportations de biens vers les Etats-Unis devaient uniquement faire l’objet de tarifs de base de 10 %, comme le sont actuellement la majorité des exportations vers les Etats-Unis. Pourtant, Donald Trump vient de signifier au Brésil que ses exportations feraient l’objet de tarifs de 50 % en raison du « traitement injuste » réservé à l’ancien Président Jair Bolsonaro. Il souhaite que les poursuites judiciaires menées à son encontre, pour tentative de coup d’Etat, soient arrêtées, dénonçant « une chassse aux sorcières ».
Le locataire de la Maison Blanche a également menacé de relever les tarifs douaniers à 35 % sur les importations en provenance du Canada et de 30 % sur celles en provenance du Mexique. Actuellement, les exportations ne respectant pas les règles de l’USMCA sont taxées à hauteur de 25 %. Les « pays restants » (ceux n’ayant pas reçus de lettre) se verraient appliquer des tarifs de 15 % à 20 %.
Donald Trump a également menacé de taxer à hauteur de 50 % les exportations de cuivre vers les Etats-Unis à partir du 1er août. Cela fait suite aux enquêtes menées par l’administration américaine sur certains produits pour lesquels les importations massives pourraient représenter une menace grave pour la sécurité des Etats-Unis. Aucun détail n’a été donné sur les résultats de cette enquête. Des tarifs de 200 % sur les importations de produits pharmaceutiques ont également été évoqués la semaine dernière, appliqués d’ici 12 à 18 mois, si les entreprises ne délocalisent pas leur production aux Etats-Unis d’ici là.
La Chine, le Royaume-Uni et le Vietnam ont précédemment conclu des accords commerciaux avec les Etats-Unis portant les droits de douane respectivement à 30 %, 10 % et 20 %.
Réaction de l’Union Européenne
Dans un communiqué, Ursula Von Der Layen, la Présidente de l’UE, a indiqué que des tarifs de 30 % perturberaient les chaînes d’approvisionnement transatlantiques essentielles, au détriment des entreprises, des consommateurs et des patients des deux côtés de l’Atlantique. L’UE laisse la priorités aux négociations et se déclare prête à continuer à travailler pour parvenir à un accord avec les Etats-Unis d’ici le 1er août. Les mesures de rétorsion à l’encontre des exportations américaines, en réaction à la hausse des tarifs douaniers américains de 25 % sur l’acier et l’aluminium (dorénavant de 50 %), qui devaient être appliquées à partir du 14 juillet à minuit, ont ainsi été reprortées au 1er août. Elles seront appliquées si nécessaire. Elles concernent 21 Mds d’euros de biens. D’autres mesures éventuelles de représaille viennent d’être finalisées, portant sur 72 Mds d’euros, en raison des tarifs de base de 10 % imposés sur les exportations de biens vers les Etats-Unis et des tarifs de 25% sur les voitures et pièces détachées. Elles concernent notamment les importations d’avions Boeing, des voitures et le bourbon.
Ursula Von Der Layen a également déclaré que l’UE renforcerait ses partenariats commerciaux fermement ancrés dans les principes du commerce international, basés sur des règles. Dans ce cadre, l’UE vient d’annoncer un accord politique avec l’Indonésie pour un accord de libre échange, après 9 ans de négociation. Il devrait être finalisé en septembre puis être ratifié à une majorité qualifiée par les Etats membres et le Parlement européen.
Tarifs réciproques : une tactique de négociation
Les tarifs réciproques s’apparentent à une tactique de négociation de D. Trump visant à accroitre la pression sur les partenaires commerciaux en vue d’obtenir un accord en faveur des Etats-Unis d’ici le 1er août.
L’Union Européenne espère parvenir à un accord de principe d’ici le 1er août
Les négociations avec les Etats-Unis étaient bien avancées avant le 12 juillet. L’UE chercherait un accord permettant de ne pas faire face aux tarifs réciproques et limiter les droits de douane américains au 10 % de tarifs de base. Elle souhaite également réduire les taxes sur certains secteurs clés comme l’acier et l’aluminium (taxés à hauteur de 50 % actuellement), les voitures et les pièces détachées (taxées à 25 %) et les produits pharmaceutiques qui pourraient faire l’objet de tarifs supplémentaires (200 % évoqués la semaine dernière). En échange, l’UE pourrait notamment augmenter ses achats de certains produits américains, dont le gaz naturel liquéfié, et pourrait réduire les tarifs douaniers sur certains produits américains, comme elle l’avait déjà proposé.
Comme le montre le graphique suivant, les exportations de biens de l’UE vers les Etats Unis concernent en premier lieu les produits pharmaceutiques, les médicaments et les voitures.
Par pays, l’Irlande serait la plus affectée par des droits de douane plus élevés compte tenu de l’importance des exportations de biens vers les Etats-Unis (13,5 % du PIB en 2024). Elles concernent essentiellement les produits pharmaceutiques.
Les marchés jouent la stratégie du « TACO »
Les marchés ne croient pas aux tarifs réciproques de D. Trump jouant la stratégie dites du « TACO », acronyme de « Trump always chickens out », signifiant que Trump se dégonfle toujours. En effet, les tarifs réciproques qui devaient initialement s’appliquer le 2 avril, ont été repoussés au 9 juillet puis au 1er août. Les marchés anticipent ainsi un accord pour certains partenaires commerciaux d’ici le 1er août ou un nouveau report le cas échéant. Les marchés actions ont ainsi bien résistés aux lettres envoyées par Donald Trump, en particulier les marchés actions américains puisque l’indice S&P et le Nasdaq ont enregistré de nouveaux records historiques au cours de la semaine dernière. Cela s’est accompagné d’une légère baisse de l’indice de volatilité implicite VIX qui s’établit sur de bas niveaux, contrastant avec le pic de volatilité enregistré le 2 avril, lors du « liberation day ».
Conclusion
La nouvelle date limite pour l’instauration des tarifs réciproques américains est fixée au 1er août. Donald Trump brandit cette menace pour accroître la pression sur les partenaires commerciaux afin d’obtenir un accord en sa faveur d’ici là. L’Union Européenne laisse la priorité aux négociations tout en se disant prête à rétorquer si nécessaire. Si le plus probable semble être un accord commercial de principe entre l’UE et les Etats-Unis d’ici le 1er août, ou un nouveau report de la date fatidique pour le finaliser, on ne peut toutefois pas totalement écarter la possibilité de mise en œuvre de tarifs plus élevés. Cela serait de nature à accroître l’incertitude, peser davantage sur les perspectives de croissance et générer une hausse de la volatilité sur les marchés financiers.
Aline Goupil-Raguénès
Le graphique de la semaine
L’annonce, par Donald Trump, d’un potentiel relèvement des droits de douane de 50 % sur les importations de cuivre s’est traduite par une très forte hausse du prix du cuivre coté à New York. Le 9 juillet, le prix a progressé de 13 % en quelques minutes en raison de la forte augmentation des stocks américains à constituer avant le relèvement des tarifs, le 1er août.
Le prix du cuivre coté à Londres a en revanche légèrement diminué. Cela s’est traduit par une hausse spectaculaire de l’écart entre le prix du cuivre coté à New York et celui coté à Londres. Il est passé de 1 073 $ la tonne à 2 506 $ la tonne entre le 8 et 10 juillet.
Le chiffre de la semaine
2,81
L'Europe de l'Ouest a connu le mois de juin le plus chaud jamais enregistré. Les températures ont été supérieures de 2,81 °C par rapport à la moyenne de 1991 – 2020. Selon Copernicus, une telle "vague de chaleur exceptionnelle" est susceptible de devenir plus fréquente, plus intense et d’affecter davantage de personnes en Europe en raison du changement climatique.
La revue des marchés : Les marchés ne croient pas aux tarifs réciproques de Trump
- La date d’imposition des tarifs réciproques a été reportée au 1er août ;
- Les marchés actions américains enregistrent de nouveaux records, insensibles aux annonces de Trump ;
- Les taux se tendent, surtout sur la partie longue, et de manière plus marquée en Europe ;
- Les spreads de crédit poursuivent leur fort resserrement.
Les marchés ont bien résisté à la résurgence des menaces d’imposition de tarifs réciproques par Donald Trump. La date butoir du 9 juillet a été reportée au 1er août, laissant du temps aux négociations avant un éventuel report. Des records historiques ont ainsi été enregistrés sur les marchés actions américains et sur certains marchés européens alors que des tensions se sont opérées sur les marchés obligataires.
La semaine dernière a été marquée par l’envoi de lettres par l’administration américaine pour signifier à certains partenaires commerciaux les tarifs réciproques qui seraient appliqués à leurs exportations. La date limite, initialement prévue le 2 avril puis reportée au 9 juillet, a une nouvelle fois été décalée. Elle est fixée au 1er août laissant encore du temps aux négociations et la possibilité qu’elle soit de nouveau repoussée. Les tarifs réciproques sont le plus souvent proches de ceux annoncés le 2 avril (25 % pour le Japon et la Corée du sud notamment). Le Brésil se démarque avec un tarif de 50 % alors que ce dernier n'était pas concerné par ces tarifs réciproques, le 2 avril. L’UE a dû attendre le samedi 12 juillet pour recevoir sa lettre : des tarifs de 30 %, contre 20 % annoncés en avril.
Les taux se sont tendus de part et d’autre de l’Atlantique et de manière plus marquée sur la partie longue ce qui s’est traduit par une pentification des courbes. Le taux 10 ans américain a augmenté de 6 pb pour s’établir à 4,41 % et le taux 2 ans de 1 pb pour s’établir à 3,89 %. Les Minutes de Fed ont confirmé les fortes divisions au sein du comité de politique monétaire concernant l’évolution à venir des taux Fed Funds. L’agenda économique était très léger. Si les allocations hebdomadaires au chômage ont diminué pour la 4ème semaine consécutive, les demandes continues se sont stabilisées à un plus haut depuis 3 ans et demi, révélant les difficultés de retrouver un emploi pour les chômeurs. En zone euro, les taux se sont davantage tendus qu’aux Etats-Unis. Le taux 10 ans allemand a augmenté de 12 pb sur la semaine, pour s’établir à 2,73 %, et le taux 2 ans de 8 pb, à 1,90 %. Les investisseurs intègrent la hausse des émissions à venir de l’Allemagne pour financer les vastes dépenses d’infrastructures et militaires. La partie longue a également été affectée par un article du Financial Times selon lequel les fonds de pensions néerlandais s’apprêteraient à vendre 125 Mds d’euros d’obligations souveraines en raison de la réforme du système de retraite. Les spreads 10 ans sont restés relativement inchangés. Pour la 1ère fois depuis 20 ans, le spread 5 ans entre l’Italie et la France est devenu négatif saluant la stabilité politique en Italie et les progrès budgétaires réalisés, contrairement à la France. Les investisseurs sont dans l’attente des grandes lignes du budget 2026 qui devraient être annoncées par F. Bayrou, le 15 juillet. Les points mort d’inflation ont légèrement augmenté sur la semaine, particulièrement aux Etats-Unis en raison des craintes de hausse des tarifs douaniers. Les spreads de crédit se sont de nouveau resserrés et de manière plus marquée pour le HY européen. Sur la semaine, le dollar s’est légèrement apprécié (+0,7 % pour l’indice DXY) mais affiche toujours une forte baisse depuis le début de l’année (-8,4 %) en raison de la défiance des investisseurs vis-à-vis des politiques menées par le locataire de la Maison Blanche. Le real a fortement baissé par rapport au dollar (-2,5 %) à la suite de l’annonce de tarifs de 50 % tandis que le prix du cuivre coté à New York a fortement augmenté compte tenu de la menace de tarifs de 50 %. Les marchés actions S&P et Nasdaq ont atteint de nouveaux records au cours de la semaine, portés par les grandes valeurs technologiques, en particulier Nvidia qui a dépassé 4 billions de $ de capitalisation. L’indice DAX allemand a également atteint un plus haut. L’indice de volatilité implicite VIX est resté relativement stable à un bas niveau, les investisseurs ne croyant pas aux tarifs réciproques de D. Trump.
Aline Goupil-Raguénès
Marchés financiers


