À l’occasion des 60 ans de l’Association Française de Gestion (AFG) qui avait choisi la Finance Durable comme fil rouge de sa soirée d’anniversaire, Philippe Setbon, Directeur général d'Ostrum AM et Vice-président de l’AFG a partagé quelques idées avec l’auditoire.

La finance durable est un sujet d’échanges devenu quotidien, avec nos clients, avec les émetteurs, avec les pouvoirs publics et au sein de l’industrie de la gestion d’actifs, et ce mouvement s’est considérablement accéléré au cours des derniers mois.

La mue est d’ailleurs presque complète : aujourd’hui, la finance ne peut être que durable ; la finance durable est devenue LA finance.

Demain, l’appréciation de la performance des investissements ne se fera plus au seul prisme de la performance financière. Elle intègrera des critères de durabilité qui valideront la manière dont les émetteurs et les investisseurs auront réussi l’intégration des transitions – climatique (et biodiversité), démographique, digitale – pour modifier leur modèle de développement. Ainsi, nous pouvons constater que de plus en plus de clients investisseurs exigent de connaître la performance, non plus seulement financière, mais également climatique de leurs portefeuilles.

L’industrie de la gestion d’actifs a été, aux côtés des pouvoirs publics, moteur de ces avancées, en innovant pour s’adapter à cette nouvelle donnée de marché et en participant à l’élaboration du cadre réglementaire destiné à faire converger certaines pratiques. C’est le cas du règlement Taxonomie, par exemple.

Nous devons continuer à nous engager dans cette voie : la construction d’une finance européenne au service d’une économie durable.

L’Europe s’est longtemps prévalue de sa prise de conscience précoce des enjeux de transition climatique. Aujourd’hui, les convertis sont nombreux et l’Europe peut encore perdre sur le terrain de l’ESG.

Or, en tant que gestionnaires d’actifs, si nous voulons conserver notre capacité à flécher l’épargne, le capital vers le tissu industriel européen de demain, alors nous devons conserver la main sur deux « matières premières » clés : la norme et la donnée.

Il s’agit là d’un enjeu de compétitivité pour notre industrie, mais aussi de souveraineté pour l’Europe.

Il est en effet essentiel que nous conservions, en Europe, la capacité à fournir, agréger et analyser une donnée ESG de qualité. Il est aussi de notre responsabilité de construire, avec les législateurs et les régulateurs, un écosystème porteur de croissance pour le tissu économique européen de demain.

C’est à cette condition que l’industrie de la gestion d’actifs française et européenne pourra continuer, pour les 60 ans à venir, à jouer un rôle moteur dans nos économies.

  • Philippe Setbon

    Philippe Setbon

    Directeur Général