Le plus dur reste à venir

L'objectif de l'Accord de Paris sur le climat est, pour chacun des presque 200 signataires, de mettre en œuvre les conditions qui permettront de limiter la hausse de la température moyenne du globe à 2° C au-dessus de la moyenne préindustrielle en étant le plus prêt possible de 1,5° C. Associé à cette trajectoire, la notion de neutralité carbone qui est un état où les émissions nettes de carbone sont nulles. Tout ce qui est émis doit être absorbé. C'est à cette condition nécessaire que la température moyenne pourra converger vers 1,5° C, qui est la norme finalement adoptée. Cette neutralité carbone doit être atteinte en 2050 dans l'Union européenne et aux USA, et en 2060 en Chine.
La convergence vers cette trajectoire suppose une rupture rapide dans les émissions de Gaz à Effet de Serre. Entre 2010 et 2030, le repli des émissions doit être de - 45 %. Au regard des évolutions récentes et des engagements pris par les États, l'allure est plutôt une hausse de + 16 % se calant sur une trajectoire de température se rapprochant dangereusement de 3° C à la fin du siècle.
À Glasgow, les signataires de l'Accord de Paris devront revoir leur copie pour s'ajuster sur la trajectoire la plus basse possible et clairement en-dessous de 2°, car à cette température les dégâts seront potentiellement très importants, beaucoup plus que si cette température se calait effectivement sur 1,5° C. La nature n'est pas linéaire.
Il faut désormais agir très vite pour ne pas prendre le risque de ne plus être sur une trajectoire acceptable, car plus les mesures prises sont retardées, plus le coût s'accroît et plus difficile sera la convergence vers 1,5° C.

  • Philippe Waechter

    Philippe Waechter

    Directeur de la recherche économique

Les mesures liées à la température

Les investisseurs, de plus en plus engagés dans la lutte contre le changement climatique, demandent le suivi d’indicateurs liés au climat pour matérialiser leurs engagements.
La TCFD recommande l’utilisation de la WACI (Weighted Average Carbon Intensity). Pour chaque entreprise, on calcule les émissions carbone ramenées au chiffre d’affaire. L’intensité carbone (moyenne pondérée sur le portefeuille) ainsi obtenue permet de mesurer le volume moyen d’émissions de carbone par dollar de chiffre d’affaire généré sur une période donnée.
La nouvelle réglementation SFDR met en avant l’empreinte carbone. Pour chaque entreprise, la part de « responsabilité » attribuée aux émissions est mesurée par le ratio valorisation de la position détenue divisée par la valeur d’entreprise totale. Le total des émissions d’un portefeuille donné est ainsi obtenu et sa division par la valeur du portefeuille donne l’empreinte carbone. Cette mesure permet de comparer les portefeuilles par euro investi.
Une vision dynamique peut être obtenue avec le calcul des alignements climatiques des portefeuilles. Ce calcul prend en compte les trajectoires passées d’émissions carbone des émetteurs et une projection pour les prochaines années. L’impact climatique de l’entreprise est ensuite évalué en fonction de l’alignement de sa trajectoire sur différentes trajectoires de réchauffement climatique, en particulier celles de l’AIE pour les secteurs à fort impact. De façon agrégée, on peut calculer un écart d’émissions par rapport aux différents scenarios et déterminer le scenario d’alignement du portefeuille.

  • Nathalie Pistre

    Nathalie Pistre

    Directrice recherche et ISR

La politique de sortie du charbon, une opportunité d’accompagner la transition

Ostrum AM a décidé d'adopter en 2020 une politique d’investissement volontariste et reconnue comme particulièrement exigeante par le marché et les institutions de référence vis-à-vis des entreprises du secteur Charbon, afin de conditionner son financement à une sortie effective de ces activités.
Concrètement, nous avons déployé une politique de sortie du charbon qui s'articule à la fois sur l'exclusion, et l'engagement. Cela implique qu’à court terme, en plus d'appliquer des critères très stricts d’investissements basés sur des seuils – en ligne avec les recommandations de la GCEL (Global Coal Exit List) – Ostrum AM mène un engagement actif avec les entreprises dans lesquelles nous restons investis pour valider la crédibilité de leur plan de sortie.
Nous avons défini des indicateurs bien précis d’engagement avec les sociétés concernées, tels que la déclinaison de leur stratégie en jalons à court/moyen/long terme, la fréquence de leur communication, la mesurabilité de leurs actions, et les investissements déployés pour faire pivoter leur modèle d’affaires hors du charbon. Cet engagement, conduit par nos experts en interne, se fait chaque année à partir de 2021 et nous amènera, quand nous jugerons que les plans de sortie ne sont pas à la hauteur de nos attentes, à désinvestir nos positions à partir du premier janvier 2022.
Pour compléter notre politique sur les énergies fossiles, nous sommes actuellement en train de travailler sur une politique Oil & Gaz qui nous permettra de continuer à engager directement avec les entreprises de manière exigeante. De cette manière, nous accompagnons efficacement la transition de ces acteurs, et contribuons plus globalement à l’évolution des entreprises vers les modèles bas carbones.

  • Joséphine Chevallier

    Joséphine Chevallier

    Responsable intégration ESG

COP 26 : comment atteindre l’objectif d’atténuation du réchauffement climatique ?

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